Maternité : En Colombie, les couveuses laissent place à la méthode « kangourou »

 

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Maternité : En Colombie, les couveuses laissent place à la méthode « kangourou »
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A Bogotta, dans un hôpital, Cesar Algeciras, ingénieur informatique de 36 ans et parent d’un bébé prématuré, passe près de 5 heures en service de néonatalogie, pour tenir son enfant blotti contre son torse, peau à peau. C’est ce qu’on appelle la « méthode kangourou » qui s’inspire des animaux du même nom qui maintiennent leurs petits dans leur poche durant des mois, afin de leur fournir la chaleur dont ils ont besoin le temps qu’ils se développent. En Colombie, cette méthode a été adoptée depuis une trentaine d’années, pour palier à l’insuffisance du nombre de couveuses dans les établissements.

Bébé

Après une période de scepticisme, la pratique s’est répandue tout d’abord dans les pays de l’Amérique latine puis par la suite dans le reste du monde. Cesar Algeciras a déclaré à l’AFP aimer sentir les battements du cœur de son bébé et qu’il n’y avait parfois même pas besoin de jeter un coup d’œil sur l’écran du monitoring pour s’assurer que son enfant allait bien.

Favoriser l’environnement du bébé prématuré

Au sein de l’hôpital de Bogota, on compte 5 bébés prématurés au poumon encore fragile, nécessitant ainsi une assistance. Des pères et des mères viennent souvent les prendre contre eux pour la pratique de la méthode kangourou. Entre deux séances, l’enfant de Cesar âgé de 27 semaines est placé dans un incubateur. Si un bébé est né avant la 37ème semaine d’aménorrhée et n’a donc pas atteint le terme des 41 semaines, il est considéré comme prématuré. Il n’a donc pas pu passer suffisamment de temps dans le ventre de la mère pour que son organisme et ses organes achèvent leur développement normal, notamment les poumons et le cerveau.

En néonatologie, les infirmières préservent une lumière douce et lorsque le bruit environnant dépasse le seuil des 60 décibels, une alerte est déclenchée, le but étant de se rapprocher le plus possible de l’environnement intérieur d’un utérus.

Le Dr Nathalie Charpak a expliqué à l’AFP que l’enfant placé en soins intensifs n’a pas de sommeil continu de plus de 19 minutes, ce qui est traumatisant et s’apparente à son avis à de la torture. Ce docteur a rendu la « méthode kangourou » systématique en Colombie depuis 1978, considérant cette pratique comme aussi efficace qu’une couveuse.

Cependant le parent, tout comme le bébé fournissent un effort et restent en contact continu peau contre peau, en position verticale. Il est interdit de changer de position sauf pour changer le bébé ou pour lui donner à manger. La nuit, le parent doit donc rester à peine assis. Après une période de doute, la pratique a été adoptée dans le monde entier. Le Dr Charpak est content d’avoir formé plus de 30 pays, jugeant que cette méthode était « aussi efficace qu’une couveuse ».

Méthode « kangourou » : une efficacité reconnue

En Colombie, les médecins se sont déplacés en Asie, en Afrique, en Espagne, en Suède et aux Etats-Unis, pour démontrer les bienfaits de cette méthode. D’après le rapport de l’Unicef, le Brésil a pu, en l’espace de 20 ans, réduire la mortalité infantile de plus de 60% pour les moins de cinq ans et ce, par le biais d’un programme combinant la méthode kangourou et le concept de banque de lait maternel et de vaccins.

D’après les chiffres de l’OMS, 2% des bébés meurent au cours du premier mois suivant la naissance.  En 2004, l’OMS a déclaré que  le procédé avait d’abord été considéré comme une pratique de substitution dans les pays pauvres. Par la suite, on a reconnu en la pratique une favorisation de l’allaitement et une manière de stimuler le développement cognitif du bébé.

La méthode kangourou a été ainsi pratiquée même dans les pays où les services de néonatalogie sont dotés d’équipements très performants, car la méthode permettait à la mère de conserver le contact avec son bébé et de tisser des liens avec lui, en dépit du traumatisme de l’accouchement prématuré.

Une pratique qui n’est pas approuvée partout

Une étude concernant les mères suédoises a été publiée par la revue PubMed en Amérique en 2011. Les résultats de cette étude ont montré la persévérance dans la pratique de la méthode, bien que cette dernière soit jugée éprouvante.

Cependant, selon le Dr Charpak, il existe des obstacles d’origine culturelle à l’adoption de cette méthode en Inde ou en Afrique, où l’on considère que lorsque la mère revient à la maison, c’est pour reprendre le travail. Elle ajoute également que les réticences proviennent aussi parfois des médecins et que dans les pays développés, on accepte mal cette méthode venue du Sud.

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