Maillot de foot brésilien : du blanc immaculé au jaune canari
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Le maillot de foot du Brésil n’a pas toujours été celui qu’on connaît aujourd’hui ni en coupe ni en couleurs. Il faut remonter en 1914 pour découvrir ses sources et après avoir eu vent de son histoire, on comprend aisément pourquoi le pays souhaite la jeter aux oubliettes. Pour ma part, c’est une histoire comme tant d’autres qu’il ne faut pas enfouir puisqu’après tout, elle a été le début d’une belle histoire entre le ballon rond et la Seleçao.
Du blanc immaculé pour les Auriverde
Oui, le premier maillot de football que les Auriverde ont arboré lors de leur première apparition publique en 1914 était entièrement blanc avec un discret liseré bleu au niveau des manches. A l’époque, l’équipe devait jouer un match amical contre un club anglais.
Pour eux, la couleur blanche était celle qui pouvait exprimer le mieux possible leur supériorité, leur perfection et leur pureté. Pendant de nombreuses années, c’est sous ces couleurs qu’on les connaissait. Bien sûr, on se demandait déjà pourquoi ils ne portent pas les couleurs de leur pays, mais personne n’avait jamais posé la question publiquement. De plus, avant 1950, il n’y avait pas vraiment de raison de le changer.
Pourquoi précise-je « avant 1950 » ?
Parce que l’année 1950 a été un tournant pour la culture du football au Brésil. Il faut savoir que ce sport est au pays comme le thé est au Royaume-Uni. C’est une culture, une tradition, une valeur, … que l’on inculque aux enfants dès qu’ils savent marcher. A l’époque, le Brésil se sentait déjà supérieur par rapport aux autres équipes, comme il le fait aujourd’hui encore. Savez-vous toutefois que le berceau de ce sport est l’Angleterre ?
Pour en revenir à mon « avant 1950 », ou plus précisément à l’année 1950, c’est cette année-là que le Brésil accueillait pour la première fois de son histoire la Coupe du Monde. Inutile de vous dire à quel point tout le pays était en ébullition et à quel point, tous les Brésiliens attendaient déjà une victoire de leur équipe, même si à la place de la grande finale devait se jouer une petite finale d’un mini-championnat. Pour cette édition, le nombre de pays participants à l’évènement était très peu, car la majorité peinait encore à se relever de la Deuxième Guerre Mondiale.
Je disais donc « petite finale » qui opposait le Brésil et l’Uruguay. Après avoir réussi à arriver en finale assez aisément, les Auriverde étaient très confiants. Certains joueurs osaient même signer des autographes avec la mention « Brésil champion du monde » alors que le jour du match n’était pas encore arrivé. Certains se rappellent très bien, c’était Zizinho qui avait eu un tel aplomb. Si seulement il avait su comment se terminerait ce match …
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Le Brésil perd face à l’Uruguay
Alors que les Brésiliens pensaient que ce dernier match n’était qu’une formalité, les Uruguayens se promirent de se battre jusqu’à la fin, même si quelque part, ils étaient intimidés par l’équipe hôte.
Sur le terrain du Maracaña, le public était à fleur de peau. Au cours de la première mi-temps, l’équipe de l’Uruguay s’est montrée très dynamique, mais aucun point ne fut marqué. Quand la deuxième mi-temps commence, c’est l’équipe brésilienne qui part sous les chapeaux de roue et Zizinho marque le premier but.
Pour les 52 millions de Brésiliens présents au stade à ce moment-là, c’est comme si la victoire était déjà gagnée. Malheureusement pour eux, le vent tourna assez vite en faveur des Uruguayens qui marquent aussi un but. Alors qu’à cet instant, le Brésil pria pour qu’on en reste au match nul, voire un deuxième but en leur faveur, c’est à l’Uruguay que le deuxième but alla.
Le silence se fit dans tout le stade jusqu’à la dernière minute de jeu. L’équipe brésilienne essaya autant que possible de rattraper le coup, mais le coup de sifflet final vint trop tôt pour clamer haut et fort la victoire de l’Uruguay ou plutôt la défaite à domicile du Brésil.
Un vent de silence tomba puis les larmes coulèrent de toutes parts, même chez les Uruguayens qui avaient du mal à croire à leur victoire et qui avaient de la peine pour les Brésiliens.
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Une remise de prix toute discrète
Après cet échec, le Brésil n’avait plus le cœur à faire la fête. Cette Première Coupe du Monde leur avait laissé un goût amer tant et si bien que même la remise des prix s’est faite sans fanfares. Jules Rimet lui-même a remis le trophée dans la plus grande discrétion, à l’équipe gagnante.
Cette tragédie a donné naissance à une expression que les Brésiliens utilisent jusqu’à nos jours pour qualifier un désastre « O Maracanaço » signifiant « le coup de Maracaña.
Moacir Barbosa en cause ?
Cette tragédie ne s’est pas limitée au monde footballistique puisque les médias ont encore enfoncé le clou surtout lorsque le pays, décidé à chercher un coupable à cet échec, pointa du doigt le gardien de but du match, Moacir Barbosa.
En effet, après l’amère défaite, les Auriverde et leurs supporters trop tristes ont décidé qu’il fallait leur trouver un coupable et malheureusement, Moacir Barbosa a été le parfait coupable. Pour eux, ce gardien de but n’a pas bien fait son job puisqu’il a laissé passer le deuxième but emmenant l’Uruguay à la victoire.
Dans les détails : quand Barbosa voit Ghiggia se rapprocher, il pensa qu’il allait centrer et décide de quitter sa ligne de but. Le joueur Uruguayen fit toutefois un centre-tir qui trompa Barbosa. Un fait qui peut arriver à tout gardien de but, mais pas chez les Brésiliens croirait-on. Quoi qu’il soit, Barbosa fut longtemps pointé du doigt et même après 43 ans après la défaite, il lui était toujours interdit d’accéder au camp d’entraînement de la Seleçao.
Le maillot blanc : un porte-malheur ?
Ce n’est qu’après cette tragédie que les langues se délièrent : que faisaient les Auriverde dans une couleur qui n’est pas la leur ?
Dès que les médias s’emparèrent de cette question, la Fédération du football au Brésil décida que l’équipe nationale ne jouera pas pendant deux ans le temps de remplacer cette couleur maudite et peu patriotique qui ne figure pas sur le drapeau adopté en 1889.
Un concours de collaboration fut alors lancé en 1953 pour trouver le nouveau maillot de la Seleçao. De nombreuses réponses furent obtenues, mais c’est le modèle proposé par un jeune de 19 ans du nom d’Aldyr Garcia Schlee qui sera retenu. Grâce à ce concours, le jeune dessinateur remporta un stage au Correio de Manhã.
Le modèle qu’il propose se composait d’un maillot jaune canari avec un col et des manches verts porté sur un short bleu et des chaussettes blanches. En termes d’association de couleurs, on dira que c’est un peu trop voyant, mais il faut croire que ces couleurs vives qui restent très fidèles à celles du drapeau brésilien, ont porté chance à l’équipe et au Brésil. A partir de ce nouveau code couleur, la Seleçao s’est imposé dans tous les grands championnats qu’elle a joués.
Elle est même quintuple champion du monde de football et l’une des meilleures équipes que le monde d’aujourd’hui connaît.
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Maillot de foot du Brésil : diverses améliorations signées Nike
A partir de 1996, la marque Nike est devenue l’équipementier de la Seleçao. Elle a apporté quelques améliorations sur le modèle d’Aldyr Garcia notamment :
- le col : du modèle V, il est passé à une forme ronde
- la matière : le maillot est désormais conçu dans un matériau confortable au sein duquel les joueurs peuvent se donner à fond jusqu’à la dernière minute de jeu. Une petite technologie, composée jusqu’à 96 % de polyester et de 4 % de coton, qui répond parfaitement à la devise « Cool under pressure » signifiant « serein même sous la pression »
- des lignes plus modernes avec une taille plus affinée, des lignes plus nettes et un design à la fois agressif et dynamique
Désormais, il ne reste plus qu’une sixième étoile à ajouter sur le maillot pour qu’il retrouve toute sa gloire, quoi que le jaune canari s’en charge déjà très bien tout seul. Savez-vous que c’est à cause de cette couleur que la Seleçao a reçu son surnom de « Canarinhos » signifiant « petits canaris ».
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