Usine Zanon : les travailleurs argentins ont obtenu gain de cause

 

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Usine Zanon : les travailleurs argentins ont obtenu gain de cause
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Tandis que l’actionnaire de l’usine Zanon voulait fermer celui-ci à cause de la crise argentine de 2001, les employés qui avaient continué de travailler ont remporté la victoire devant la justice.

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300 emplois ont pu être sauvés et plus de 100 nouveaux ouvriers ont été embauchés. Les travailleurs de l’usine Zanon sont désormais propriétaires.

L’autogestion ouvrière a triomphé devant la justice. Dorénavant, la marque, les machines et les bâtiments appartiennent à ces travailleurs qui ont fait une autogestion de l’usine durant maintenant 12 ans. Par ailleurs, le gouvernement de la province de Neuquén (à près de 1200km de Buenos Aires) se chargera de payer la dette de l’entreprise. Cela fait deux mois qu’ils avaient obtenu leur titre de propriété et la justice a tranché pour exproprier de façon définitive les anciens propriétaires.  Raul Godoy, ouvrier qui fait partie de ceux qui ont lutté, a déclaré que c’était une « victoire sans précédent ».

En effet, en 2001 lors de la crise, plusieurs sociétés ont fermé leurs portes et le taux de chômage a connu un pic. Luis Zanon, l’italien, avait pris la décision de fermer également sa grande usine de céramique, jugeant que cette dernière n’était pas suffisamment rentable, alors que l’entreprise était bénéficiaire. Mais les 300 employés de l’usine ont riposté et en mars 2002, ils ont investi le bâtiment et tout remis en route.

Zanon appartient désormais aux ouvriers

Raul Godoy, l’ancien secrétaire général du syndicat céramiste, est satisfait du verdict du tribunal et a montré avec fierté le panneau d’entrée de l’usine qui a retrouvé sa dénomination initiale. Cet ancien secrétaire est également député du Parti des travailleurs socialistes. Il rappelle que durant 12 ans, ils n’avaient pas eu le droit d’utiliser le nom de Zanon et qu’ils produisaient sous la marque FaSinPa ou Fabrique sans patrons. Il a déclaré que désormais, Zanon était vraiment au peuple. Il a jouté qu’ils vont aussi maintenant pouvoir demander des prêts pour renouveler les machines, n’ayant pas pu accéder à des crédits au cours de ces nombreuses années où le pouvoir politique tentait de leur créer des obstacles financiers.

Une usine prospère

Suite à la décision de justice, les ouvriers peuvent ainsi continuer à travailler, après avoir lutté sans baisser les bras durant plus de 10 ans, résistant à toute tentative de déstabilisation et de délogement par les autorités.

Désormais, l’usine est redevenue prospère, comptant 350 000m² de production de céramique par mois. Les travailleurs se sont organisés en coopérative et une réembauche de plus de 100 ouvriers a pu se faire. Aujourd’hui, l’usine compte 450 salariés et une école secondaire pour les employés qui ne sont pas bacheliers a été créée. Ils ont aussi lutté pour obtenir l’expropriation de l’usine Zanon, prononcée ainsi en 2009. Mais le décret de cette expropriation n’a été signé qu’en décembre 2012 et treize mois ont passé avant que le titre de propriété ne leur soit remis.

Des modèles en centaines en Argentine

Dans le pays, il y a actuellement 311 entreprises récupérées par leurs travailleurs ou ERT. D’après le dernier rapport de la Faculté de philosophie et de lettres de l’université de Buenos Aires, ces firmes comptent 13 450 salariés. Mais la tendance se poursuit, car à partir de 2004, 48 % des entreprises ou usines ont été remis en marche, puis entre 2012 et 2013, il y en avait encore 20 %. Cela prouve que la situation continue. En 2010, selon le rapport précédent, il y avait 205 ERT.

Dans la plupart des cas les plus anciens, la justice a tranché en faveur des ouvriers pour les expropriations mais ces décisions sont, pour la majorité, temporaires. L’une des seules usine à avoir pu crier victoire sur ce point est l’usine Zanon.

Selon Raul Godoy, « Zanon a toujours été un usine militante ». Il a cependant souligné qu’ils ne voulaient pas vivre dans une tranchée toute leur vie. Aujourd’hui, ils doivent se renforcer, les crises économiques étant difficiles à surmonter dans le cas d’un système d’autogestion ouvrière. Il ajoute également que le capitalisme continue de faire d’eux des militants.

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