Le Virus Zika : tout ce qu’il faut savoir
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Le virus Zika est apparu pour la première fois au mois de mai dernier au Brésil. Il n’est pas réellement dangereux, mais peut néanmoins engendrer des complications telles que la microcéphalie d’un enfant à naître ou le syndrome de Guillain-Barré. Durant ces neuf mois, le virus s’est rapidement propagé et de nombreux pays américains en sont désormais touchés. Parmi eux, quelques territoires français d’outre-mer dont la Guadeloupe, Saint-Martin et surtout la Martinique et la Guyane où le stade endémique a été décrété. Les craintes quant à l’arrivée de Zika en France se renforcent donc et la ministre de la santé Marisol Touraine a déjà adopté des mesures pour l’éviter autant que possible. Parmi elles, on cite la recommandation selon laquelle les femmes enceintes ne doivent pas séjourner dans les zones touchées.
Comment cela se manifeste ?
Globalement, Zika s’apparente à la fièvre jaune ou à la dengue. Les symptômes sont souvent semblables à ceux de la grippe et dans la majorité des cas, les patients guérissent d’eux-mêmes. Il arrive toutefois que la maladie vire à certaines complications et les femmes enceintes sont les premières cibles. En effet, en période de grossesse, Zika peut s’attaquer directement à l’enfant à naître et engendre alors un phénomène appelé microcéphalie.
Il faut également savoir que la maladie ne s’accompagne pas forcément de symptômes visibles. C’est d’ailleurs le cas dans 70 à 80 % des cas. Dans le cas contraire, le virus Zika entraîne souvent :
- Une légère fièvre
- Des courbatures
- Des maux de tête
- Des éruptions cutanées
- Une conjonctivite
- Un œdème au niveau des mains ou des pieds
Les premiers symptômes apparaissent le plus souvent au bout de trois à douze jours après la piqûre du moustique.
Est-ce contagieux ?
Zika ne peut, généralement, pas se transmettre d’humain à humain, même si une contagion par le biais d’un acte sexuel a été enregistrée aux États-Unis. Ce qui est sûr c’est que c’est le moustique dite tigre qui le transmet par une piqûre.
Pour plus de sécurité, la ministre de la santé a décrété que les dons de sang seront mieux contrôlés et que les personnes revenant d’un séjour dans une zone à risque ne pourront pas donner leu sang pendant 28 jours après leur arrivée. La même mesure est adoptée au Canada et en Grande-Bretagne.
Puisque les signes ne sont pas forcément présentes, il est recommandé de faire un diagnostic par un prélèvement de sang ou d’urine surtout chez les femmes enceintes. Il est aussi possible de demander un diagnostic par résiologie afin de confirmer les résultats. Le seul problème avec ce test c’est que le Centre national de référence des arboviroses de Marseille est le seul qui peut y faire appel.
Comment se présente la moustique-tigre ?
Reconnaissable facilement grâce à ses rayures blanches, le moustique tigre ou Aedes aegypti est le principal propagateur du virus Zika. Il n’est toutefois pas le seul puisqu’on peut aussi citer l’Aedes albopictus qui se démarque par une ligne longitudinale au niveau de son thorax. Malgré ces traits distinctifs, il est difficile de les reconnaître à coup sûr puisque l’Aedes aegypti ne mesure que 5 mm. La seule manière de l’identifier c’est donc d’avoir une excellente vue ou de l’écraser. L’avantage c’est que le moustique tigre vole plus lentement que ses cousins donc il est assez facile de l’attraper. Aussi, il faut savoir que c’est une espèce diurne qui sort de sa tanière à la levée du jour et au crépuscule entre mai à novembre.
Quelles sont les solutions pour l’éliminer ?
Pour éliminer Zika, il faut tuer son porteur et donc remonter aux larves. Pour les éradiquer, les pays d’Amérique latine ont choisi des mesures naturelles. Ainsi, on peut citer :
- L’élevage de poissons zambos qui mangent les larves : cette méthode est très répandue dans de nombreux villages de Salvador
- L’utilisation d’un insecticide à base de noix de coco, d’asperges, de manioc et de pommes. Il s’agit-là d’un produit naturel créé en 1992 au Pérou qui tuent également les larves. Outre ce pays, la Guyane et Honduras l’utilisent également pour réduire l’épidémie
- La lutte par le biais des moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia qui freinent le développement du virus au sein du moustique-tigre. Cette technique est utilisée en Colombie
- La modification génétique des moustiques mâles pour que leur progéniture ne puisse pas se reproduire. Le Brésil et le Panama ont notamment choisi cette méthode
Quelles sont les conséquences chez les bébés à naître ?
Si la mère, durant sa période de grossesse, est atteint du virus Zika, avec ou sans symptômes, le fœtus risque une microcéphalie. Cela se traduit par une taille inférieure du crâne par rapport à la normale et un retard mental de l’enfant. La zone la plus sensible se situe durant les deux premiers trimestres de la grossesse.
Que disent les chiffres ?
En 2015, les bébés nés avec une microcéphalie ont accru de manière inquiétante en Polynésie française et au Brésil. Cette période a justement coïncidé avec la réapparition de Zika et c’est ce qui a intrigué les autorités sanitaires. Même si le lien entre ces malformations et le virus n’a pas encore été confirmé, de nombreux indices demeurent et les investigations épidémiologiques se maintiennent. Au début du mois de février, une équipe de chercheurs brésiliens a déclaré avoir repéré le virus Zika dans le cerveau des bébés touchés. Un rapport de l’OMS est alors fortement attendu pour confirmer ou non le lien.
Quoi qu’il en soit, le nombre de victimes a atteint les 3 174 cas au début de janvier 2016 alors qu’entre 2010 à 2014, on n’en recensait que 150 environ.
D’autres hypothèses pour expliquer la microcéphalie
En Argentine, Eduardo Avila Velasquez affirme que les cas de microcéphalies seraient dus au pyriproxyfène, un larvicide que le Brésil a utilisé pour lutter contre la prolifération du moustique-tigre. D’autres scientifiques réfutent néanmoins cette conclusion puisque le phénomène s’est multiplié même dans des pays où le produit n’a pas été utilisé comme en Polynésie française.
Le syndrome de Guillain-Barré, une autre conséquence
Dans les cas les plus complexes, aussi bien chez les enfants que chez les adultes, le virus Zika peut laisser des traces neurologiques dont le syndrome de Guillain-Barré. Cela se définit par une inflammation des nerfs périphériques engendrant une paralysie partielle ou totale. Lorsque cette complication survient, 85 % des patients récupèrent entièrement leurs facultés au bout de six à douze mois, mais le plus inquiétant, c’est que le syndrome suite au virus Zika a récemment entraîné six décès en Colombie.
Là encore, l’OMS reste prudente puisqu’aucun lien entre Zika et Guillain-Barré n’a pu être prouvé jusqu’ici.
Les épidémies se multiplient en Amérique latine
Les dernières traces de Zika remontent à quelques années seulement :
- En avril 2007 dans les îles Yap de Micronésie
- En octobre 2013 à avril 2014 en Polynésie française
- Fin 2015 dans neuf pays d’Amérique latine surtout en Colombie et au Brésil où il a fait des ravages
Depuis, il s’est propagé dans 55 pays américains sauf à Cuba, où c’est surtout la dengue qui fait fureur. Du côté des pays outre-mer, les chiffres se multiplient et Zika serait même déjà arrivé en Chine où un cas a été détecté.
Qu’en est-il de l’Europe et de la France ?
Selon Marisol Touraine, 18 cas auraient été recensés jusqu’ici, mais puisque la France est encore en plein hiver, aucune inquiétude n’est à craindre, du mois jusqu’au mois de mai. En effet, le moustique-tigre vit dans des températures tropicales et en France, la période d’activité n’aura lieu que de mai à novembre.
Du côté de l’Europe, des cas ont été détectés au Royaume-Uni, au Portugal, au Danemark, en Italie, aux Pays-Bas et en Suisse. Une femme enceinte a également été diagnostiquée en Espagne après que celle-ci ait effectuée un séjour en Colombie.
La transmission par le sexe
Cela est très rare, mais non pas impossible puisque deux cas ont été enregistrés jusqu’à aujourd’hui. Le premier s’est déroulé en 2008 lorsqu’un biologiste américain l’a transmis à sa femme après un séjour au Sénégal tandis que le second remonte au début février puisqu’un homme aurait également transmis le virus à sa partenaire sexuel laquelle n’a pas quitté le sol américain récemment. Il s’est alors avéré que c’est l’homme qui a effectué un séjour au Venezuela.
Dans les deux cas, Marisol Touraine affirme que cette transmission n’est pas encore importante puisqu’on ignore encore de nombreux caractères de Zika.
Comment s’en protéger ?
Il n’existe pas de vaccin ou de traitement spécifique contre le virus Zika, mais de nombreux laboratoires travaillent avec acharnement sur la question. Sanofi Pasteur en fait partie et même s’il faut plusieurs années pour développer ce genre de vaccin, il reste confiant. En effet, n’a-t-il pas déjà réussi à développer Dengvaxia, le vaccin contre la dengue au bout de 20 ans de recherches ? Le fait que Zika présente de grandes similitudes avec la dengue l’encourage encore plus.
En attendant le vaccin, les victimes peuvent toujours traiter la douleur par des antalgiques comme le paracétamol. Le ministère de la santé tient toutefois à souligner que la prise d’aspirine ou d’anti-inflammatoires est totalement interdite puisque ces médicaments peuvent entraîner un saignement.
Enfin, la meilleure manière pour se protéger est encore d’éviter les moustiques. Pour ce faire, il est conseillé de :
- Enlever les environnements favorisant leur développement comme les eaux stagnantes ou les soucoupes de pots de plantes
- Porter des vêtements longs et amples
- Utiliser des répulsifs
- Consulter le médecin si vous vivez dans une zone à risques et à plus forte raison si vous êtes enceinte
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