Mexique : les œufs de tortue placés sous haute surveillance

 

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Mexique : les œufs de tortue placés sous haute surveillance
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Espèce en voie d’extinction, les tortues olivâtres sont aujourd’hui protégées et cette protection ne les concerne pas uniquement, mais leurs œufs font également l’objet d’une surveillance rapprochée depuis quelques années. Ainsi, afin d’épargner le maximum d’œufs, les autorités mexicaines ont affecté des militaires et des drones pour leur surveillance.

Les tortues olivâtres

Tous les ans, ces tortues viennent par milliers déposer leurs œufs sur les plages de Morro de Ayuta et celle d’Escobilla. Ces plages représentent à elles-seules la plus vaste zone de ponte de ces espèces de tortue à travers le monde. Quand la saison des pontes arrive, un peu plus de 70 000 tortues viennent sur ces plages et cela se fait le plus souvent en une seule nuit. Le lendemain matin, dès l’aube, c’est au tour des pillards d’y venir, mais cela ne sera plus possible puisque les autorités mexicaines ont pris les mesures nécessaires pour empêcher le vol de ces précieux œufs.

Tortues olivatres en periode de ponte sur la plage

Pourquoi voler les œufs ?

Pour les pillards, ses œufs se vendent plutôt bien sur le marché et certains les mangent. Au Mexique, ce petit trafic ne se limite pas à San Pedro Huamelula, mais s’étend jusqu’à Juchitan, le village voisin de la région et même dans la capitale du pays, dans le quartier de Tepito. Avant 1990, les Chontale et les Zapotèque, des populations ethnies locales, étaient les principaux voleurs. Toutefois, ils ne sont plus les seuls à convoiter ces œufs aujourd’hui puisque les pillards sont de plus en plus nombreux et surtout bien équipés.

Des pillards professionnels

Pour le Mexique, la surveillance de ces œufs est une mission importante puisque depuis quelques années, les pillards sont de mieux en mieux armés. En effet, il y a de cela cinq ans, environ 300 pillards armés sont venus envahir les plages pour dérober les œufs des tortues olivâtres. Les autorités ont immédiatement riposté et cette altercation a fait de nombreux blessés. Même si pareille situation ne s’est plus reproduite depuis, les pillards sont toujours aussi futés et viennent à la plage à cheval, machette ou arme à la main. Pour les dissuader, les autorités mexicaines ont porté à la connaissance du public qu’ils ont dépêché des militaires sur les lieux ainsi que des drones pouvant facilement retrouver la trace des voleurs. Ces drones sont effectivement équipés de GPS et peuvent même repérer les voleurs cachés derrière les cactus. Dans la journée, ils filment en continu et transmettent directement les images vidéo au centre de contrôle.

Une surveillance accrue

Depuis le dépôt des œufs jusqu’à l’éclosion des petites tortues, la zone sera surveillée 24h/24. Les drones ne peuvent toutefois pas enregistrer de nuit puisqu’ils sont dépourvus d’infra-rouge, mais ce sont les 20 militaires affectés à cette mission qui effectuent les rondes une fois la nuit tombée. Malgré ce renforcement de la sécurité, Nereo Garcia, responsable local du service de protection de l’environnement (Profepa) déplore le fait que des pillards osent toujours s’aventurer sur les lieux surtout lorsque les drones sont HS pendant la nuit.

Une sévère sanction

Depuis que les autorités mexicaines ont adopté ces mesures, une personne a pu être arrêtée en possession de 14 000 œufs. Il faut toutefois savoir que les pillards d’œufs de tortue olivâtre s’exposent à neuf ans d’emprisonnement et une amende de 200 000 pesos, soit quelques 11 900 dollars.

Sur le marché

Les pillards ont pour habitude de manger ou de vendre les œufs dérobés. Sur le marché, ils ne se vendent toutefois que 30 pesos la centaine lorsqu’ils sont crus tandis que les restaurants se débrouillent mieux en vendant la demi-douzaine d’œufs à 60 pesos. On retrouve même à Juchitan, un petit restaurant qui va jusqu’à vendre 100 pesos sa « soupe de poisson super-vitaminée », composée de palourdes, de deux œufs de tortue et d’herbes pimentées. Dans ce même établissement, les œufs de tortue sont également servis bouillis avec de la salade. Malgré la façade un peu austère de ce restaurant, les touristes n’y désemplissent pas juste par curiosité de goûter à ces œufs connus pour être de grands aphrodisiaques.

Des résultats positifs

Depuis que les autorités mexicaines ont pris ces mesures, des résultats positifs se sont fait ressentir. Une augmentation du nombre de tortues qui sont venus y déposer leurs œufs a ainsi été observée pour la saison 2014 avec 1, 1 million de tortues recensées contre 994 338 seulement en 2013. Parmi ces tortues, certaines viennent exprès du Japon. Il faut savoir que tous les ans, de juillet à mars, six espèces de tortues marines, sur les sept existantes au monde viennent sur les côtes mexicaines pour pondre. La plage de Morro de Ayuta ne reçoit que les œufs des tortues olivâtres et sur les dizaines de milliers qui y viennent, chacune y dépose environ 100 œufs.

Petites tortues olivatres sorties de l oeufLes mesures restent strictes

Même si les mesures prises ont donné leur fruit, les autorités mexicaines restent vigilantes puisqu’à part les pillards, les chiens sauvages et les oiseaux sont aussi friands de ces petits œufs ressemblant à des balles de golf. C’est pour cela que malgré la surveillance accrue, seuls 35 % des œufs arrivent à éclosion au bout des 45 jours d’incubation. La mission des autorités ne s’arrêtent toutefois pas là, puisqu’elles veillent sur les petites tortues jusqu’à ce qu’elles gagnent la mer. A ce stade, les autorités ne peuvent plus faire grand-chose puisque malgré leur bienveillance, ces petites tortues devront faire face à un grand nombre de prédateur une fois dans la mer. Sur un millier, seul un atteindra l’âge adulte.

Le tourisme : un danger

Le tourisme, notamment le développement touristique risque également de mettre en péril la ponte des tortues sur Morro de Ayuta puisque les promoteurs immobiliers sont de plus en plus nombreux à bâtir sur les plages. Pour éviter cela, Najera milite tous les jours pour que cette zone soit déclarée « zone protégée » puisque les promoteurs sont toujours tentés d’investir cet environnement vierge, bien conservé et avec un attrait particulier : les tortues olivâtres.

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