Le traité de Tordesillas : Qu’est-ce que c’est ?
Voyage dans le monde
Le traité de Tordesillas est une convention signée en 1494 entre la Castille et le Portugal. Il se rapporte sur le partage du Nouveau Monde entre ces deux puissances européennes. Le traité a été signé à la suite de la découverte des Antilles par Christophe Colomb.
Le partage du Nouveau Monde
Quand Christophe Colomb a découvert les Antilles, la Castille et le Portugal se firent concurrence pour coloniser le Nouveau Monde alors qualifié de « terra nullius » signifiant terres sans maître. Pour les départager, un traité a été établi entre les deux puissances sous l’égide du pape Alexandre VI.
Le traité a été signé à Tordesillas (en Castille) à la date du 7 juin 1494. Pour rappel, la Castille est un ancien Royaume datant du Moyen Âge qui occupait l’actuelle Espagne. C’est pour cela qu’on dit aussi que le traité de Tordesillas a été passé entre l’Espagne et le Portugal.
Pour partager le Nouveau Monde, le traité prend un méridien du globe en point de référence. Dès 1494, le pape Alexandre VI a établi un partage par le biais de la bulle Inter caetera. Celle-ci stipule que les terres qui se trouvent à l’ouest du méridien à 100 lieues des îles Cap-Vert appartiennent à la Castille tandis que celles se trouvant à l’est reviennent au Portugal. Il faut souligner que la bulle ne tient pas compte des terres qui appartenaient déjà à l’État chrétien.
Si les souverains Castillans étaient satisfaits du partage, le roi Jean II du Portugal se sentait lésé. Il a alors demandé à ce qu’on repousse de quelques lieues supplémentaires son occupation du territoire. Les négociations menées auprès des Rois catholiques lui permit de gagner la partie est du méridien jusqu’à 370 lieues des îles Cap-Vert.
Ce changement contredit la bulle Inter caetera du pape Alexandre VI qui était d’origine espagnole, mais le 24 janvier 1506, le pape Jules II finit par l’approuver. Il le mit d’ailleurs sur écrit à travers la bulle Ea quae pro bono pacis.
Pour information, une bulle pontificale prend la forme d’un document scellé qui a le poids d’un acte juridique. Les papes n’en établissent que pour des décisions d’importance capitale.
La ratification du traité de Tordesillas
Le traité a été établi sous deux versions :
- une espagnole qui a été ratifiée par le roi Ferdinand II d’Aragon et la reine Isabelle Ire de Castille à Arévalo à la date du 2 juillet 1494 ;
- une portugaise qui a été ratifiée par le roi Jean II de Portugal à Setubal le 5 septembre 1494.
Durant un autotour culturel en Andalousie ,vous aurez la chance de découvrir la version originale du traité de Tordesillas du côté espagnol. Celle-ci est gardée dans les Archives générales des Indes à Séville, capitale de la région autonome d’Andalousie. En ce qui concerne la version gardée par les Portugais, celle-ci se trouve dans les Archives de Torre do Tombo à Lisbonne, capitale du Portugal.
Les changements apportés par le document
Après la signature du traité, le partage du nouveau territoire était beaucoup plus clair. Il a également permis de calmer les conflits nés de la concurrence entre les deux souverainetés.
Parmi les changements majeurs que le document implique, on peut citer :
- l’appartenance du royaume de Castille et des îles Canaries à la Castille ;
- l’appartenance des îles Cap-Vert, de Porto Santo, de Madère et des Açores à la couronne portugaise. Le Portugal s’est également vu attribuer le droit de naviguer au sud du parallèle des Canaries. Il avait également plein droit de conquérir de royaume de Fez, actuel royaume du Maroc.
Le cas du Brésil
En 1500, le navigateur Portugais Pedro Alvares Cabral découvre le Brésil. Du point de vue du traité de Tordesillas, la partie du territoire qui se trouve à l’est du méridien appartient au Portugal tandis que celle se situant à l’ouest devait revenir aux Castillans.
Toutefois, comme nul n’avait les mesures exactes en ce temps-là et comme personne ne savait jusqu’où couraient les terres de ce continent sud-américain, le Portugal a étendu petit à petit son occupation du Brésil. L’Espagne n’avait pas les moyens de freiner cette extension du territoire puisqu’il ne pouvait pas mettre un découpage sur pied. Au fil du temps, la limite fixée par le traité a été largement repoussée plaçant tout le territoire Brésilien sous souveraineté portugaise. Le reste de l’Amérique, quant à lui revenait à la couronne castillane.
Le traité de Tordesillas devenu caduque
Alors que l’Espagne et le Portugal pensaient que les choses s’étaient arrangées, la montée en puissance des autres pays européens a mis fin à leur paix. Des pays comme les Pays-Bas, l’Angleterre et la France sont effectivement venus pour imposer leur droit sur ces nouvelles terres. Une imposition qui leur a été refusée, mais pour un temps seulement.
Sitôt après avoir été chassé du Nouveau Monde, ces souverainetés ont d’abord eu recours à la piraterie et à la contrebande pour rester sur le territoire. Puis, quand le protestantisme vit le jour, elles purent rejeter l’autorité des papes. Pour éviter autant que possible les conflits, François Ier demande alors au pape Clément VII un certain assouplissement de la bulle.
De cette requête découle un nouveau terme sur le document qui dit que le traité ne tenait compte que des terres déjà connues. Quant aux autres terres que les autres couronnes pourraient découvrir, ces dernières pouvaient se les approprier.
Dès lors, le traité de Tordesillas est devenu caduque. Un fait encore renforcé par la capture de certaines colonies espagnoles par les nouvelles puissances. Ces dernières ont aussi commencé à occuper les terres situées plus au nord dont celles actuellement occupées par le Canada et les États-Unis. A cette époque, ni le Portugal ni l’Espagne n’avaient eu l’idée de les coloniser.
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