Paraguay : la grossesse précoce fait une fois de plus parler d’elle

 

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Paraguay : la grossesse précoce fait une fois de plus parler d’elle
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Les grossesses précoces ne sont pas rares au Paraguay et quelles que soient les circonstances, le gouvernement refuse le changement de sa législation draconienne concernant l’avortement. Le cas de la petite Mainumby a toutefois réveillé, une fois de plus, la polémique puisque le refus de l’avortement pour la petite fille équivaut pour les associations à une violation des droits de l’homme.

Le cas de Mainumby

Mainumby est une petite fille, seulement âgée de 11 ans lorsqu’elle est tombée enceinte. Une grossesse qu’elle n’a pas désirée puisqu’elle a été violée par son beau-père. Lorsque de nombreuses organisations ont plaidé pour elle afin que l’avortement lui soit accordé, la justice et les autorités paraguayennes sont restées de marbre alors qu’il en allait de la vie de la fillette-mère. Il faut savoir que ces autorités sont fortement appuyées par l’église catholique et des organisations civiles qui sont farouchement contre l’avortement. Selon elles, l’état avancé de la grossesse de Mainumby, qui en était alors à 23 semaines, mettait sa vie en danger, mais ces organisations ont oublié de penser à l’accouchement qui était encore plus dangereux pour cet enfant.

 Grossesse precoce

La possibilité de recourir à l’avortement existe pourtant

Au Paraguay, quelques rares cas ont bénéficié de l’avortement comme prévu par le codé pénal. Toutefois, ce code stipule que si l’intervention était accordée, elle ne doit se faire que durant les 20 premières semaines. Une fois ce terme dépassé, la mère est obligée de mener sa grossesse à terme et c’est justement la raison qu’ont invoquée la justice paraguayenne face au cas de Mainumby.

Mainumby accouche par césarienne

Face au refus de l’avortement, Mainumby a accouché par césarienne le 13 août dernier à l’hôpital de la Croix-Rouge d’Asuncion. Selon Dolores Castellanos, la personne chargée de suivre la grossesse de la petite par le ministère paraguayen de la Santé, Mainumby se remettait doucement de l’accouchement et la petite fille qu’elle a donné naissance se portait également très bien. Elle a été baptisée Milagros et a pesé 3, 5 kg à l’accouchement.

Un drame pour la famille

Après les sévices qu’elle a subi, le beau-père de Mainumby, qui l’avait vraiment à sa merci lorsque sa mère partait travailler, a été arrêté et détenu à la prison d’Asuncion depuis le mois de mai. La mère de la petite travaillait dans une cantine scolaire et en son absence, c’est son beau-père qui s’occupait d’elle. C’était même lui qui se rendait aux réunions de parents d’élèves comme le ferait tous les pères. Si l’homme était reconnu de viol, il encoure une peine de prison allant de 12 à 15 ans.

En ce qui concerne sa mère, elle est également poursuivie par la justice, mais a toutefois été autorisée à rester auprès de sa fille durant la grossesse.

Pour le reste de la famille, Amnesty International exige à ce que le gouvernement paraguayen prenne ses responsabilités face à la situation de Mainumby. L’organisation souligne alors que l’état veille à ce que :

  • La fillette-mère et sa fille aient accès à toutes les prestations de santé dont elles auront besoin
  • Mainumby puisse poursuivre sa scolarité
  • Sa famille proche reçoive un soutien psychologique, économique et social

650 fillettes ont accouché en 2014

Si Amnesty International, l’UNICEF et d’autres organisations se battent pour que le Paraguay révise sa législation concernant l’avortement, c’est parce que la majorité des grossesses précoces qui y ont lieu provient de sévices sexuels réalisés sur des enfants. Mainumby n’est donc pas la seule à qui le viol et la grossesse arrivent, mais rien que pour l’hôpital Croix-Rouge d’Asuncion, trois autres fillettes de 12 ans doivent accoucher sous peu. Les chiffres globaux rapportés par l’UNICEF, sont encore plus inquiétants puisqu’en 2014 au Paraguay, 650 fillettes de 10 à 14 ans ont accouché et 20 000 jeunes filles de 15 à 19 ans sont tombées enceintes.

Une violation des droits de l’homme

Pour le cas de Mainumby, les organisations internationales dénoncent une violation des droits de l’homme puisque la petite fille avait une silhouette frêle d’1m40 pour 35 kg. Aussi bien la grossesse que l’accouchement étaient donc risqués pour sa santé, sa vie et son intégrité, mais les autorités ne voulaient rien entendre. Erika Guevara renforce ses dires par le fait que Mainumby, outre sa fragilité, a été violée et n’est encore qu’une enfant. Lui avoir refusé l’avortement est ainsi une violation de ses droits et c’est justement ce qui a réveillé la polémique sur les grossesses précoces au Paraguay. Soulignons, que le Paraguay n’a pas été le seul chamboulé par ce cas, puisque le scandale est allé au-delà de ses frontières. Depuis lors, un débat a été lancé au Parlement puisqu’une minorité du parti de gauche réclame la dépénalisation de l’avortement. Amnesty International souhaite à ce que cette dépénalisation soit réalisée dans les plus brefs délais pour mettre un terme à ces grossesses trop précoces qui détruisent la vie de millions de fillettes et jeunes filles violées.

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