Brésil : 14 Amérindiens obtiennent l’amnistie et une indemnisation

 

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Brésil : 14 Amérindiens obtiennent l’amnistie et une indemnisation
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En 2010, 14 Amérindiens appartenant à l’ethnie Surui ont lancé une requête auprès de la Commission d’amnistie qui a proclamé son verdict le 19 septembre dernier, accordant ainsi l’amnistie à ce groupe, victime de la dictature militaire durant la Guérilla de l’Araguaia.

14 Amérindiens obtiennent l’amnistie et une indemnisationLes Amérindiens Surui

De nos jours, les Amérindiens Surui vivent dans le village de Soror, sur le territoire Indigène Aikewara, dans l’État du Pará. Toutefois, ils n’ont pas toujours vécu là, mais ont été chassés de leur territoire d’origine durant la dictature militaire et la Guérilla de l’Araguaia.

En effet, avant ces deux faits marquants de l’histoire, les Amérindiens vivaient sur les rives du fleuve Araguaia ce qui leur permettait de vivre de l’eau, d’effectuer leur travail de piroguier et d’avoir toutes les matières premières nécessaires pour faire de la poterie. Aujourd’hui, le peuple vit à environ 70 km du fleuve ce qui n’est pas vraiment évident pour leur origine de peuple piroguiers. Après cette amnistie, le peuple souhaite donc obtenir une réparation collective, car les habitants se plaignent d’avoir été chassés de leur territoire ce qui a détruit leur culture. Certains disent même qu’en tant que piroguiers, c’est seulement grâce à la télévision qu’ils peuvent désormais voir des pirogues.

Le peuple a d’ores et déjà déposé un recours collectif et souhaite que le Brésil reconnaisse enfin ses torts, ce qu’il a fait en accordant l’amnistie aux 14 Amérindiens.

Peuple persécuté

Les Amérindiens Surui ne sont entrés en contact avec l’homme blanc que dans les années 50. Dans les années 60, ce contact s’est renforcé à travers la Guérilla de l’Araguaia. En effet, durant cette lutte, ce peuple d’autochtone s’est vu séquestrer au sein de leur village sans possibilités de sortie, même pour aller chasser. Les soldats ont également détruits leur stock de nourriture et y installa leur camp de base de 1971 à 1973. Durant cette occupation, l’armée a obligé les adultes à les aider dans leurs missions et comme un seul habitant comprenait le portugais, il a servi de traducteur.

À la fin des années 60, le mouvement révolutionnaire de l’Araguaia contre la dictature a vu le jour et c’est le Parti communiste du Brésil (PCdoB) qui l’a insufflé. De 1972 à 1975, la lutte a mis en scène plus de 3 000 soldats dont 60 ont été tués. Parmi ces victimes, certains n’ont jamais pu être retrouvés.

Face à ces faits historiques que l’on ne peut ignorer, le Brésil a reconnu avoir violé les droits des autochtones et le président de la Commission d’amnistie en la personne de Paulo Alarébrão a même présenté ses excuses au nom de l’État Brésilien.

Paulo Abrão a aussi déclaré que ce qui n’était que présomption est aujourd’hui une certitude et sur les 16 requêtes présentées par les 14 Amérindiens et leur défense, 14 ont été validées.

Il faut savoir que durant la dictature militaire, d’autres communautés autochtones, des guerilleros et des paysans ont aussi été persécutés.

Une amnistie qui s’inscrit à jamais dans l’histoire

Pour Maria Augusta Assirati, présidente de la Funai (fondation gouvernementale chargée des questions liées aux peuples autochtones), cette victoire sera à jamais écrite dans l’histoire. Elle a également tenu à ajouter que les Amérindiens n’ont lancé leur requête qu’en 2010 par peur de représailles et qu’en plus de l’amnistie, chacun d’eux recevra une indemnisation équivalent à environ 30 000 euros, soit quelques 130 salaires. Selon Mme Assirati, cette somme marque un tournant dans l’histoire et symbolise la dette du gouvernement brésilien envers les peuples autochtones.

Pour Iara Ferraz, un anthropologue spécialisé dans les Suruis, cette indemnisation ne suffit pas pour faire oublier les persécutions et les souffrances qu’a subi ce peuple d’où la demande de réparation collective, car ce ne sont pas seulement les 14 Amérindiens qui ont en souffert, mais le peuple en entier qui a perdu son territoire.

Néanmoins, Mme Assirati a promis qu’aux 260 km² qu’ils occupent actuellement, seront ajoutés 110 km² afin que le peuple Surui puisse étendre son territoire.

Quant au gouvernement brésilien, après avoir reconnue sa part de responsabilité dans ces persécutions, il cherche désormais les moyens de préserver l’avenir des autochtones.

 

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