Aliments insolites, mais courants en Amérique du Sud
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Voyager ne signifie pas seulement prendre le large et découvrir de nouveaux sites ou de nouveaux paysages. Cela signifie aussi plonger dans de nouvelles cultures et traditions qui ne sont pas forcément les mêmes que les nôtres. D’un point de vue culturel et savoir-vivre, on peut facilement s’adapter comme le fait de devoir arriver en retard quand on est invité à déjeuner chez nos amis les Venezueliens, mais d’un point de vue gastronomique, il y a des aliments qui nous laissent totalement perplexes.
Durant mes séjours fréquents en Amérique du Sud, j’ai eu la « chance », ou plutôt l’opportunité de découvrir des plats insolites, des aliments auxquels je n’a jamais pensé goûter un jour, mais que j’ai quand même essayé par défi, par curiosité et surtout par amitié pour mes hôtes qui m’ont si gentiment fait découvrir leurs mets typiques … C’est aussi cela voyager.
Dans ma top liste de mets étranges et insolites que je vous invite à goûter en Amérique du Sud, retrouvez …
Les « Hormigas Culonas » en Colombie
Après m’être aventuré pendant trois semaines en Colombie, j’arrive dans la région de Santander. Elle ne figurait pas vraiment dans mon itinéraire, mais mes hôtes de Bogota ont tellement insisté pour que j’y aille que cela m’a intrigué. Quelle belle surprise les Santanderianos vont me proposer ?
Pour la surprise c’est réussie, mais pour le côté « belle », je ne peux pas vraiment dire cela. A la place, je dirais plus « inattendue ». En m’offrant une année sabbatique sur le continent sud-américain, je savais que j’allais faire plein de découvertes et vivre de nombreuses expériences, mais là, c’était au-dessus de ce que je pensais découvrir ou faire : manger des fourmis.
C’est pourtant ce que mes hôtes Santaderianos me proposent dès le premier soir en apéritif. En voyant ma tête, ils ont bien ri et m’ont alors expliqué que c’était une spécialité de la région et que pour eux, c’était un peu le caviar, car ces bestioles étaient très recherchées et coûtaient très chères à certaines périodes de l’année. En gros, le fait qu’ils m’en ont proposé est une marque de respect et de bienvenu que je me devais d’y goûter.
Je pris mon courage à deux mains, je prends deux fourmis dans le bol, je les mets dans ma bouche, je les croque et … c’est comme si je mangeais de la cacahuète. Expérience réussie donc, car j’adore les cacahuètes et le goût de noix avec un arrière-goût de terre qu’offrent les Hormigas Culonas n’est pas pour me déplaire.
On m’explique alors que c’est seulement à Santander qu’on retrouve cette espèce de fourmis et seulement au printemps c’est-à-dire en mars, avril et mai. Les chasseurs ou « hormigueros » sont nombreux dans la région et ce sont tous des passionnés qui livrent une véritable bataille afin d’obtenir le maximum de fourmis. Le kilo de ces petites bêbêtes coûte assez cher et certains peuvent gagner leur salaire mensuel après une seule récolte. Même les grands restaurants colombiens se fournissent auprès des locaux pour proposer sur leur menu des Hormigas Culonas grillés ou une sauce à base de Hormigas Culonas. C’est grâce à cette spécialité qu’un restaurant s’est fait un nom en Colombie.
Sur le marché, on peut acheter des fourmis déjà prêtes à être dégustées, mais il est également possible d’en préparer chez soi. Pour ce faire, il faut se rendre auprès des hormigueros afin d’acheter une poignée de fourmis encore vivantes. Cela est impératif, car mortes, elles peuvent laisser un goût amer. Les bestioles se vendent au kilo du coup, on en prend deux pour les apéros de la semaine.
Une fois à la maison (chez mes hôtes), on retire les ailes des fourmis une à une ainsi que leur dard. On fait bien attention de ne pas se faire piquer durant leur manipulation, car c’est assez douloureux. On les plonge ensuite dans de l’eau salée où elles vont rester toute la nuit. Le lendemain, on les fait poêler jusqu’à ce qu’elles soient bien croquantes. Cela prend environ deux heures pour obtenir la texture souhaitée et voilà, on a des fourmis croustillantes à souhait. Comme on en a acheté beaucoup, on décide de mettre le reste dans des bocaux hermétiques. On me dit que bien emballées comme cela, il est possible de conserver les fourmis pendant deux ans.
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Le « cuy » au Pérou
Le cuy est un plat que l’on vous sert dans les Andes, mais surtout au Pérou. Tous les restaurants du pays en préparent. J’ai eu la « bonne » idée d’en commander une fois et le plat qui m’a été servi m’a laissé de marbre. Finalement, j’ai demandé à mon ami Péruvien d’échanger nos assiettes. Une fois encore, on s’est moqué de moi, car je dois vraiment faire une drôle de tête face aux surprises.
Quoi qu’il en soit, le cuy est en réalité du cochon d’inde frit que l’on vous sert avec des pommes de terres sautées. Défini ainsi, cela n’a pas l’air effrayant et d’ailleurs, « effrayant » n’est pas le mot approprié, mais plutôt surprenant. Ce sont les pattes et la tête de l’animal qui n’ont pas été retirées qui me coupent un peu l’appétit. Une fois que mon ami les a retirés, je me risque à goûter la viande et là, bonne surprise, le cuy reste quand même très bon. Sa saveur est à mi-chemin entre celle du lapin et du poulet.
Après m’être un peu informé, j’apprends que le cochon d’Inde est consommé à travers le monde depuis des milliers d’années. Le Pérou figure parmi les quelques pays à toujours en consommer et les habitants ont le don de bien le préparer. Le Cuy, comme on l’appelle sur le territoire péruvien, est élevé par centaine dans des fermes. Leur couinement est à l’origine de leur appellation.
Bien que j’ai tendance à le banaliser, sachez que le Cuy est un met de luxe au Pérou. D’ailleurs, dans certaines villes, on en consomme que durant les grandes occasions, mais il est possible d’en préparer chez soi ou d’en commander au restaurant. Au bout de quelques semaines au Pérou, je finis par m’habituer à la tête et aux pattes et je suis même arrivé à goûter à ces parties très croquantes au final.
Selon le ministère de l’Agriculture du pays qui a étudié de près la chair de l’animal, le cuy contiendrait plus de protéines que la viande de bœuf, de porc et de poulet. Et même si en bouche, la chair paraît plus grasse, dans les faits, elle contiendrait moins de gras. Etant donné qu’il est considéré comme un plat typique au pays, certains scientifiques ont mené des études le concernant pour qu’on puisse le faire grossir davantage. Son seul défaut était qu’il était maigre et n’avait que la peau sur les os. Avec les nouvelles méthodes d’élevage, le cuy donne plus de chair d’où la possibilité de le faire frire.
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L’« Ubre Asada » au Chili
En Amérique du Sud, aucune partie de l’animal n’est gaspillée. Même si cette information, je l’avais déjà bien notée avant de m’envoler pour ce sous-continent, je suis toujours surpris quand on me propose des morceaux peu nobles comme l’Ubre qui n’est autre que le pis de vache.
Oui, vous avez bien lu, au Chili, le pis de vache est soigneusement nettoyé puis on le fait tremper quelques heures pour que le reste de lait se dissout. Une fois propre, on les découpe assez finement comme des biftecks, on les sale et on le fait griller. Les Chiliens ont le don pour le faire rôtir, car quelques minutes de moins ou de trop peuvent influer sur le goût. Ils attendent patiemment que l’autre face soit bien dorée pour la retourner. La saveur est excellente. A la première bouchée, la texture spongieuse peut laisser pantois, mais en cherchant bien dans les saveurs, on se rend compte que ce n’est pas mauvais du tout. C’est comme si on dégustait de la langue de vache grillée. Oui, cela se mange aussi, mais ce n’est plus une nouveauté je pense.
On en sert également au restaurant et malgré le peu de noblesse que détient le pis de vache, on le dresse tel un plat gastronomique sur son lit de pommes de terre sautées.
Durant les fêtes populaires, chaque fois qu’une vache est abattue, ses pis passent obligatoirement au gril. Si vous soulez en goûter, demander à avoir les pis d’une jeune vache qui sont plus tendres.
La « Buchada de bode » au Brésil
Ce plat-là, j’y ai goûté, mais j’ai toujours du mal à y re-goûter. Il s’agit en fait d’organes internes de la chèvre que l’on hache finement, que l’on assaisonne avec tout un tas d’épices, que l’on mélange au sang de l’animal et que l’on fourre dans la panse de chèvre avant de le faire cuire au court-bouillon. On se retrouve avec une sorte de saucisse ou de boudin au goût assez insolite, mais dont les Brésiliens raffolent.Par organes internes, j’entends les reins, les viscères de chèvre et le foie.
Je ne dirais pas que le plat est mauvais, mais peut-être le fait de penser aux abats me freine un peu. Il va sans dire si je n’avais pas su de quoi il se composait, j’aurais eu un autre regard sur la buchada, mais maintenant que je suis au courant, les choses changent.
Et ce ne sont pas les seuls plats étranges que j’ai découvert en Amérique du Sud, car il y en a encore d’autres de pays en pays, de région en région et de ville en ville. Si vous voulez vous aventurer encore davantage dans la gastronomie du sous-continent, testez la viande d’iguane, le chicharron que je recommande fortement, car est très goûteux (il s’agit de peau de porc frit et très croquant) et la chicha de jora que l’on traduit bière de maïs.
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