Carnaval d’Oruro : Carnaval d’Oruro, le plus grand carnaval de Bolivie
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Le Carnaval d’Oruro est l’une des plus grandes manifestations folkloriques de la Bolivie, voire de toute l’Amérique du Sud. Certes, il n’est pas aussi imposant que celui de Rio de Janeiro ou de Salvador de bahia au Brésil, mais il reste toutefois l’une des attractions majeures du pays. D’ailleurs, il est tellement connu à travers le monde qu’en 2008, l’Unesco l’a inscrit sur sa liste de Patrimoine oral et immatériel. Tout ce qu’il faut savoir sur cette festivité.
Oruro, une ville minière
Comme son nom l’indique, c’est à Oruro que ce fameux carnaval se déroule tous les ans vers le mois de février-mars.
Cette ville bolivienne est l’actuelle capitale du département d’Oruro. Elle se trouve à environ 200 km de La Paz et à 230 km de Sucre. Au cours du 17e siècle, elle fut une importante ville minière. D’abord, c’est l’exploitation d’argent qui lui permit de prospérer, mais lorsque les veines de ce métal précieux commencent à s’épuiser, Oruro sombre, pendant quelques décennies dans l’oubli. Ce n’est qu’à la fin du 19e siècle qu’elle sortit de sa torpeur lorsque l’exploitation d’étain prit le dessus. Pendant de nombreuses années, l’une de ses mines d’étain, « La Salvadora » fut la plus importante de ce genre à travers le monde. Malheureusement, les veines ont aussi commencé à s’épuiser à leur tour et la ville sombre à nouveau dans l’oubli.
Depuis ces époques prospères, Oruro est restée dans l’ombre et n’est pas un lieu très connu des touristes même si ses anciennes mines attirent toujours quelques curieux. Ses habitants font toutefois de leur mieux pour booster le secteur touristique. Pour ce faire, ils peuvent déjà compter sur le carnaval, mais pas que.
Les fêtes de mardi gras, qui clôturent le carnaval, sont également devenues une bonne période touristique à Oruro et sa promiscuité avec le lac Uru Uru fait d’elle un centre de pêche sportive important de la Bolivie. Et en parlant de pêche, il ne faut pas oublier de goûter au poisson durant votre séjour, car les gastronomes locaux ont vraiment un don pour le préparer. Cette denrée est servie de diverses manières dans les restaurants et bistrots de la ville, donc à vous de voir comment vous souhaitez la déguster.
Le carnaval d’Oruro, un peu d’histoires
Derrière chaque festivité folklorique se cache souvent une histoire ou une légende. Dans le cas du carnaval d’Oruro, on raconte qu’en 1789, un tableau de la Vierge Marie est apparu comme par miracle dans la mine d’argent la plus prospère d’Oruro. Depuis, les habitants organisent le carnaval pour rendre hommage à la Virgen del Socavon (Vierge de la Mine) que l’on appelle aussi Virgen de la Candelaria (Vierge de la Chandeleur).
Aujourd’hui, les défilés et autres activités autour du carnaval se déroulent aux alentours de la Sanctuaria del Socavon ou Eglise de la Mine.
Chaque année, à l’occasion du Carnaval, Oruro se transforme en une ville très animée et parfois chaotique. En effet, elle connaît une très forte affluence à cette époque puisqu’aux quelques 270 000 habitants qu’elle compte habituellement s’ajoutent plus de 450 000 spectateurs venus des quatre coins de la Bolivie, de l’Amérique du Sud et du monde. A ces spectateurs il faut ensuite ajouter plus de 60 000 danseurs et près de 6 000 musiciens.
Le Carnaval d’Oruro d’une vue globale
Le Carnaval d’Oruro dure quatre jours. Il s’agit d’une grande fête reflétant le syncrétisme bolivien c’est-à-dire un mélange de croyances andines et de croyances religieuses. Les danses et les chants orchestrés durant les défilés témoignent d’ailleurs de scènes remontant à l’époque où les jésuites ont mené un travail d’évangélisation dans la région.
En effet, quand ces derniers sont arrivés à Oruro au cours du 16e siècle, ils ont présenté aux autochtones deux figures majeures de la foi chrétienne à savoir la Vierge représentant le bien et le diable représentant le mal. Au fil du temps, ces personnages ont été interprétés par les locaux pour donner naissance à la Pachamama, déesse de la terre et symbole du bien et au Tio Supay, maître de la Montagne et symbole du mal. Le seul problème c’est qu’en Bolivie, l’un comme l’autre sont vénérés tant et si bien que le bien et le mal semblent être s’entremêler.
Tout comme ils vénèrent la Pachamama, bon nombre de Boliviens vénèrent aussi le Tio Supay et c’est d’ailleurs pour cela que certaines scènes et masques du carnaval le mettent à l’honneur.
Quoi qu’il en soit, le Carnaval d’Oruro est principalement dédié à la Virgen del Socavon laquelle est représentée, depuis 2013, par une haute statue de 45 m érigée sur les hauteurs de la ville.
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Comment se déroulent les festivités ?
Le Carnaval débute par une longue procession de danseurs aux tenues colorées et aux masques folkloriques assez surprenants. Ces derniers mettent en scène des chorégraphies qui racontent tantôt l’histoire du bien et du mal tantôt d’autres bribes de l’histoire de la Bolivie. La procession se déroule sur une distance d’environ 4 km tout au long de laquelle les participants ne cessent de danser et de chanter. Pendant les quatre jours du carnaval, ils peuvent danser pendant près de 20 heures sans se fatiguer, car pour eux, c’est une preuve de leur foi en la Vierge de la Mine.
En ce qui concerne les danses, il s’agit de danses traditionnelles issues de toute la Bolivie. Il faut néanmoins distinguer quatre types de danses différentes à savoir :
- La Diablada :
C’est la danse la plus emblématique du carnaval d’Oruro. Si certains disent qu’elle puise son origine à l’époque précolombienne durant laquelle les Urus célébraient Wari, leur dieu protecteur, d’autres racontent qu’elle trouve son origine dans la lutte entre le bien et le mal qu’ont instaurée les jésuites durant l’évangélisation. Les deux hypothèses semblent toutes plausibles et semblent même s’être mélangées au cours du temps, car si d’un côté on y trouve les animaux sacrés des Urus, de l’autre, il y a l’omniprésence de la lutte entre le bien et le mal.
Aujourd’hui, la Diablada est l’expression parfaite du syncrétisme bolivien, car à elle seule, elle regroupe tous les symboles religieux et culturels des Boliviens.
En ce qui concerne les masques et costumes des danseurs, on peut les voir en costumes de chrétiens avec leur croix ou en costume du diable avec ses cornes, son front proéminent, … On peut également trouver des déguisements en forme de serpents comme pour rappeler les sept péchés capitaux.
Dans tous les cas, dans la Diablada, la Virgen del Socavon marche aux côtés du Tio Supay. Ce dernier, censé représenter le mal, est en Bolivie, une figure non crainte et même rassurante. Les Boliviens le considèrent même comme le protecteur des mineurs.
- La Morenada :
Cette danse est entièrement dédiée à la Virgen del Socavon. Durant leur procession, toujours haute en couleurs, les danseurs mettent en scène le dur travail des mineurs et l’exploitation abusive des esclaves. Leurs costumes rappellent, quant à eux, les tenues traditionnelles que les esclaves Africains portaient autrefois lorsqu’ils travaillaient dans les mines de la ville. Cela semble être contradictoire avec le fait que ces costumes sont élégamment ornés d’or, d’argent et de fil de Milan. Peut-être est-ce pour rappeler la prospérité ancienne d’Oruro ?
Pour ce qui est de l’origine de la danse, certains pensent qu’elle aurait un lien direct avec les esclaves alors que d’autres disent qu’elle est issue de la culture afro-bolivienne de la région des Yungas.
Les participants à cette danse sont les élèves des sept écoles de Morenada à Oruro. Dans leur chorégraphie, on distingue quelques personnages phares à savoir le majordome espagnol qui était au-dessus des esclaves, le Turril qui porte un costume représentant les esclaves africains et quelques cholas qui représentent les filles des esclaves noirs d’antan. Leurs tenues n’ont rien à voir avec les costumes traditionnels des cholas boliviennes puisqu’elles portent des jupes ultra-courtes et affichent une certaine sensualité et érotisme qui raconterait une partie de la vie des esclaves d’autrefois.
- La Llamerada :
Cette danse tient son appellation du cri du lama, l’animal qui a contribué au développement des peuples andins. Il s’agit d’une danse d’origine aymara à connotation sociale. Elle raconte les tâches quotidiennes des Boliviens durant l’époque précolombienne et plus précisément les activités du berger. Quelques pas de danse se réfèrent d’ailleurs à ce métier tandis que d’autres rappellent l’utilisation du sifflet, commune à toutes les danses de l’Altiplano.
En matière de costumes, les danseurs portent des pantalons de toile, de laine ou de soie qu’ils associent à des tuniques de toile portant un aguayo. Il s’agit d’un tissu coloré, de forme rectangulaire et emblématique de la Bolivie. La tunique est ensuite serrée à la taille par un chumpi, une ceinture en tissu coloré typique de la région.
Du côté des danseuses, on trouve la traditionnelle pollera avec ses multiples volants, une blouse avec un aguayo croisé et un chapeau qui rappelle la coiffe des personnes influentes des peuples aymara.
- La Caporales :
Cette danse a pour thématique générale la séduction, mais les chorégraphies se réfèrent aussi à d’autres traditions boliviennes.
Dans l’esprit séduction, quelques jeunes filles en costumes colorés et sexy, offrent des danses sensuelles et séductrices. On peut alors ressentir dans leurs gestes les symboles de l’amour et de la coquetterie, deux critères que l’on retrouve aussi chez les jeunes hommes participants au spectacle.
Il faut pourtant savoir que la danse Caporales tire, en réalité, sa source dans une danse funèbre. En effet, autrefois, les jeunes Boliviens durant un évènement funèbre, devaient danser pour célébrer le renouveau face à la mort.
Et le symbole véhiculé par cette danse ne s’arrête pas là, puisqu’il y est également question de discrimination. Une situation dont les esclaves noirs ont souffert après leur arrivée en Bolivie.
Pour exprimer ces différentes scènes, les costumes des danseurs sont très variés. D’un côté, il y a les jeunes filles sexy avec leur jupe très courte et de l’autre, des jeunes hommes portant des pantalons, des blouses à manches amples aux épaules, un chapeau à larges bords et un fouet à la main. Leurs tenues sont tous à peu près les mêmes, mais de couleurs variées toujours vives.
En savoir plus sur les danses folkloriques de la Bolivie
Et à part les défilés, la fête se poursuit parfois dans les rues jusqu’au petit jour avec de la bonne musique et les spécialités culinaires de la Bolivie. Pour ceux qui souhaitent faire de ce carnaval une étape de leurs vacances en Bolivie, il vaut mieux s’y prendre à l’avance pour les réservations de chambres d’hôtels. En effet, à l’approche de l’évènement, les tarifs hôteliers grimpent. Par ailleurs, plus on s’y prend tôt, plus on a des chances d’avoir des places dans les estrades durant le spectacle.
Le carnaval d’Oruro, édition 2019
Cette année encore, la Bolivie célèbrera son fameux carnaval d’Oruro. L’évènement se déroulera à partir du 23 février jusqu’au 4 mars 2019. Dans les détails :
- du 23 au 28 février, les habitants se lancent dans les célébrations traditionnelles que l’on appelle « Convites »
- les célébrations les plus représentatives de cette fête se tiennent à partir du 1er jusqu’au 4 mars. Le vendredi 1er mars, les habitants célèbrent le « Convite al Tio » ainsi que la célébration de la « Challa ». Le samedi 2 mars, ils participent tous au grand pèlerinage de la Vierge de Socavon et le dimanche 3 mars est réservé pour l’Entrada al Corso
Avant le pèlerinage, les habitants se parent de leurs plus beaux costumes pour organiser un grand carnaval à travers la ville. C’est un évènement gigantesque pour lequel tout le monde participe très tôt à la préparation. Comme pour le carnaval brésilien, les Boliviens débutent les préparatifs sitôt sortis du nouvel an afin de prêter attention à chaque détail.
Comme tous les ans, le circuit du carnaval sera long d’un peu plus de 4 km et les rues habituelles seront mobilisées pour cela. Toutes les axes partent de la rue Bolivar, mais prennent différentes directions. Le long cortège coloré et animé du carnaval d’Oruro passera alors sur la rue Pagador pour aller vers la rue Aroma jusqu’à la rue 6 de Agosto avant de revenir sur la rue Bolivar jusqu’à La Plata, Adolfo Mier y Presidente Montes et revenir une fois de plus sur la rue Bolivar jusqu’à la Petot, Adolfo Mier, Avenida Civica « Sanjines Vincentti », Junin pour finalement monter jusqu’au sanctuaire de la vierge de Socavon.
Si vous avez l’intention d’assister à cet évènement de renommée mondiale, pensez à réserver dès maintenant vos billets pour Oruro et surtout votre hébergement à l’hôtel. Le carnaval attirant toujours des milliers de visiteurs, les réservations doivent se faire très tôt.
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